dimanche 28 décembre 2014

LA SUITE.. CAHIER DE RETOUR


ESPACE DES AUGUSTINS, LE 11 MAI 2015, 20H30   renseignements : 06 02 28 87 90  

Naissance de l’oeuvre

Avant d’écrire Cahier d’un retour au pays natal, Césaire, alors âgé de 22 ans, était en grande souffrance physique et morale, suicidaire au même titre que Senghor et Damas, ses compagnons de route de la Négritude. 
Il n’avait écrit jusqu’alors que des vers à la manière de Verlaine et de Baudelaire. Un jour, il déchira tous ses poèmes, y compris ceux qu’on l’encourageait à publier. Il va jusqu’à dire que ce n’est pas de la poésie, ou alors qu’il ne veut plus en faire ! Désormais, il va écrire dans les pas d’unRimbaud, d’un Lautréamont et des surréalistes. "Face à une poésie de convenance, moralisante, divertissante, j'oppose une poésie reconnaissable « à sa charge de poudre » une poésie de « fièvres et de séismes », une« poésie  "maudite". Une poésie de passion, paroxystique, péléenne. Je veux une poésie-action !
Et il se met à écrire « n’importe quoi ». C’est pourquoi il va appeler « Cahier » ce texte impossible à classer dans une catégorie à l’époque.
"Puisqu’on me contraint au silence je vais parler : c’est de la résistance. J’utilise la langue disponible qui devient un outil de résistance. Il suffit de la voler".
Césaire a tout lu, tout retenu, tout capitalisé. Et c’est pourquoi il peut faire ce qu’il veut de la langue française, la  « marronner », renvoyer toutes les formes de poésie précédentes et bâtir la sienne.

C’est ce déporté de l’esclavage qui va inventer la poésie du XXe siècle.

La démarche 
S’il y a une leçon poétique à retirer du Cahier d’un retour au pays natal, c’est l’exigence de la lucidité, de l’adéquation de soi aux mots qu’on emploie, la recherche de l’exactitude et de la nuance dans le sentiment exprimé, le souci d’en dévoiler les multiples facettes, puis de le creuser comme un os, jusqu’à la moelle. Cahier est une leçon d’érudition, de sincérité, de recherche de l’inconnu, ce terrible inconnu qui nous regarde dans le miroir.
Etre disposés à faire un effort à l’égard de Césaire, c’est tenter humblement de le comprendre. D’abord un peu, puis d’avantage, puis plus encore… Cela demande beaucoup de temps ! Car sa forêt se défend bien et sa forteresse est celle du roi Christophe : en pierres résistantes et accrochées aux flancs escarpés de la montagne…
C’est donc humblement que, dans cette lecture musicale proposée, scansion et musique s’élaborent pas à pas, en perpétuelle quête de sens. Un territoire où tout « effet » est banni et seules demeurent nos interrogations intimes et la recherche sincère du lien qui relie chacun d’entrenous à cet inconnu qui nous attend patiemment au fond de nous-même. 
Césaire, dans sa bienveillance, nous y oblige et nous y emmène.

Christophe Montrose
1 - Texte inspiré de l’analyse de Lilyan Kesteloot du Cahier car au plus proche
Illustration de Wifredo LAM - Frontispice du Cahier de l’édition de 1947. de la notre..



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